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 août 10

1.1 – Le passage du col sud

   Posted by: Le_Bébert   in Divers


- »Hey beh, on est passé juste à temps on dirait. Une belle frayeur qu’on s’est faite là les enfants! ». Le vieux mineur, la main plaquée sur son chapeau étrange, lance un sourire plein d’allégresse à ses deux compagnons. Encore choqués par l’épreuve qu’a constitué le passage du Col Sud, ceux-ci trouvent la présence du bonhomme rassurante même s’ils n’arrivent pas à se décider sur sa personnalité. S’agit-il d’une bravoure extraordinaire forgée par des décennies solitaires d’aventures périlleuses ou de la plus totale inconscience?

Le barde Dal arrive presque à se détendre malgré le vent glaciale qui le tétanise. Un regard en arrière lui fait comprendre qu’ils ont tout simplement frôlé la mort en empruntant le col si tard dans la saison. Deux heures auparavant, pratiquement arrivés au sommet du col, ils ont été surpris par une violente averse de neige. Il aurait fait demi-tour si le vieil homme n’avait pas insisté pour accélérer dans la même direction et forcer le passage. Maintenant la descente vers le plateau lui semble agréable et le paysage magnifique lui donne envie d’entonner une ode de marche. Il porte la main à son tambour puis se ravise, prenant conscience que déclencher une avalanche après avoir bénéficié de la faveur de 2 ou 3 dieux n’est pas très courtois. Les dieux… en y repensant un frisson glacé le rappelle à sa réalité : il fuit un dieu. C’est pour cela qu’il a traversé tout le continent : les Nyssiens ne le suivront pas jusqu’ici. Même s’ils avaient l’air très en colère lors de son récital devant leur Dieu et celle qu’il a désigné comme « la plus belle des Salmissra ». Le secret sacré des Nyssiens révélé à leur dieu : ses serviteurs changent régulièrement sa fiancée. Il ignorait qu’un Dieu puisse ignorer quoi que soit! Lui même n’avait pas de dieu dans sa vie et s’en passait très bien avant!

Collée contre la fourrure givrée de la mule, la shamane Dryade ne peut s’arrêter de claquer des dents. Terrifiée par la puissance et la fureur du climat, elle n’a plus ouvert les yeux depuis que la tempête s’est déclarée de l’autre côté du col. Elle qui s’émerveillait de sa découverte de la neige il y a quelques heures encore, ne peut plus supporter le froid mortel qui l’accompagne. Si sa forêt tempérée et le confort outrageux dans lequel l’entretenaient ses sœurs lui semblent trop loin, elle refuse de regretter son choix d’avoir fuguée. Mais s’autorise à pleurer un peu. Le contact de la fourrure rugueuse et humide de l’animal trottinant lui fait penser à son esprit gardien. Cet ours qu’elle a d’abord fuit quand elle a pris conscience d’être suivit, durant son escapade de la forêt. Ses pouvoirs shamaniques se sont pleinement exprimés depuis qu’elle a accepté sa présence. Ou peut être est-ce l’inverse. Mais il lui manque en ce moment. La chaleur de sa fourrure impalpable et sa douce lueur éthérée l’apaisent tellement. Dès qu’ils s’arrêteront pour la nuit elle l’invoquera et se blottira contre lui, certaine d’être en sécurité, où qu’ils soient.

Les nuages descendent vers le plateau et les talonnent de prés. Il leur faut vite trouver un abris où passer la nuit. A la faveur de l’obscurité naissante, le vieux mineur aperçoit un feu de camp devant une grotte. Cette annonce suffit à leur insuffler l’énergie et le courage nécessaires pour atteindre ce lieu encore éloigné. Et pour que la dryade ouvre un œil presque pas mouillé.

Suite…