0 – Prélude
Nous sommes au premier age, le temps où naissent les légendes. Les peuples humains côtoient leur dieu respectif et tous progressent sous leur protections. Les 7 dieux, tous frères, maintiennent la paix entre leurs peuples. Ul, le père des Dieux, protecteurs des Ulgos et des « monstres » reste en retrait et médite sur le sort de l’Univers. Les Morindiens et Karandaques, abandonnés des dieux, se tournent vers d’autres entités. Les Dals enfin se concentrent dans la science et l’occulte, cherchant à décrypter le sort du Monde dans les étoiles.
A l’ouest de la Pangée, au bord d’une rivière de montagne, se dresse un village. Au croisement des territoires Tolnédrains, Nyssiens, Arendais et Marags. Les caravanes de mineurs (un nouveau métier, exercé par des aventuriers) et bûcherons rythment les saisons. Le village se dote rapidement de trois bâtiments d’importances :
- un temple humble dont chaque coin est dédié à un Dieu local,
- un atelier où une forge rudimentaire et une fosse à scier permettent d’exploiter les matières brutes en restant au sec
- et la salle du maitre brasseur Morto avec son écurie et sa cave commune pleine de victuailles pour tenir l’hiver.
La nouvelle brasée vient d’être mise en perce pour fêter le dernier jour de travail des bûcherons. Dehors, on peut déjà sentir que la neige approche. Les cols seront bientôt impraticables et le village sera isolé pendant les 3 mois d’hiver. Il y a dans la salle de Maitre Morto une dizaine de personnes, pour moitié des étrangers du village :
- On y voit bien sûr, ce bûcheron musculeux, guerrier Allorien au visage rongé par sa barbe et dont on dit que la femme a engendré la moitié du village
- A ses côté se trouve le rodeur Wacite, un grand type étrange et nonchalant qui chasse pour le village. On dit de lui qu’il mourrait de faim s’il ne tuait pas de temps en temps un lièvre lorsqu’il trébuche
- A la table d’à côté, lui tournant ostensiblement le dos, se dresse l’incarnation cuirassée de la volonté de Chaldan : un paladin Mimbraïque venu apporter la bonne parole dans les cimes hostiles et sauvages
- Il est en conversation théologique comparée avec une douce prêtresse Ulgo, guidée ici par les échos du Père-de-toutes-choses
- Dans un coin proche de la cheminée, cherchant l’ombre et la chaleur, elle est observée par une sorcière Nyssienne ricanant de manière compulsive aux niaiserie des deux religieux
- Ruminant dans sa choppe, un voleur Tolnédrain cherche à tromper son ennui, dans l’attente de mineurs trop chargés de quelques pépites
Mais lorsque la peau d’ours couvrant l’entrée se soulève, ce n’est que pour une poignée de bûcherons ayant déjà fini leur premier tonneau. N’ayant plus de quoi troquer pour étancher leur soif grandissante, ils s’en remettent à la bonté des convives présents. Le ton est pressant, presque menaçant. En tout cas, suffisamment pour justifier une bonne bagarre quand les corps ont besoin d’être réchauffés.
Les bûcherons et aventuriers sont solides, plus que le mobilier qui vole en éclats. Aussi, par dessus le vacarme de la bataille, une voix forte s’élève des tréfonds des cuisines. Elle précède l’arrivée en trombe d’une Dame Morto particulièrement remontée contre les casseurs. La vision de son rouleau à pâtisserie (conçu pour modeler la pâte gelée aux céréales complètes) ne saurait être plus terrifiante que la taille du bras qui le manipule. Elle passe à l’attaque et distribue les coups sans distinction, faisant voler les uns et atterrir les autres. La sorcière, elle, parvient à poursuivre un agresseur agile et lui fait regretter son assaut, mettant un terme à sa vie d’un sombre trait magique, à l’abri des regards.
A son retour dans la salle, la Nyssienne constate que Dame Morto a repris le contrôle de sa demeure. Sans équivoque ni discussion possible, celle-ci exige que tous les présents œuvrent à remplacer le mobilier inutilisable avant que s’installent les premiers clients permanents de l’hiver. L’expédition s’organise et part immédiatement en direction du site d’exploitation le plus proche.
Cela demandera toute une journée de grimpette pour arriver sur le plateau neigeux et être en vue du site. Sur leur chemin se dresse une meute de loups : une grande louve blanche et nombre de ses petits qui chassent en prévision des mauvais jours. L’affrontement a raison du courage des bûcherons qui fuient dès les premières morsures. Les aventuriers font face et, au prix d’une longue lutte et de lourdes blessures, sortent victorieux du combat. Leur manque d’organisation et une trop grande confiance en soi aura faillit être fatal. Mais cela fait fort bien l’affaire du voleur qui s’empare discrètement de la dague d’étrange facture de la prêtresse Ulgo encore inconsciente. Un campement se monte dans la tanière des loups et pendant que les blessés se reposent, les plus gaillards s’en vont en quête de bois solide. Des gros flocons commencent à tomber, l’hiver est arrivé.